30 juillet 2010

Gorilles orphelins, de Despina Chronopoulos

Gorilles orphelins
de Despina Chronopoulos

"Enfant déjà, ma passion pour la forêt vierge était une obsession. A dix ans, mes parents musiciens m’ont emmenée au Kenya. J’ai compris alors que ma vie était là, en Afrique. De retour en Autriche, mon pays natal, je me désespérais. A quatorze ans, j’ai craqué : j’ai volé de l’argent à mes parents et je me suis envolée pour Nairobi. Interpol m’a retrouvée. Trois jours plus tard. Retour à la case départ... Sauf que la gloire m’est tombée dessus, à l’improviste. Une fable, Le Secret de la chauve-souris blanche, que j’avais écrite en catimini, est devenue un best-seller. Je suis devenue un phénomène littéraire. La réalité m’a rattrapée. J’ai épousé un Français et je suis rentrée dans le moule. Je me suis installée à Paris, j’ai travaillé. J’étais heureuse - le jour. La nuit, c’était autre chose : je me réveillais en pleurs, avec une pensée lancinante : "Tu t’es trahie". Un documentaire télé sur les gorilles m’a fait l’effet d’un électrochoc. J’ai décidé de tout larguer, Paris, mon job, mon mari, pour le reportage animalier. John Aspinall, un milliardaire anglais, m’a confié un projet : la réintroduction de gorilles orphelins dans leur milieu naturel, au Congo. Pendant quatre ans, ce fut le bonheur. Je me suis réconciliée avec la petite fille que j’étais. Mais la guerre civile nous a rattrapés et nous a plongés, les gorilles et moi, dans le cauchemar..."

C’est le récit de cette incroyable aventure que nous livre ici Despina Chronopoulos, depuis son enfance peuplée de rêves d’Afrique, jusqu’au projet de réintroduction de gorilles orphelins dans la réserve de Léfini, au Congo - projet que la guerre viendra interrompre, hélas, alors que le succès était à portée de main. Despina Chronopoulos n’est pas une scientifique ; mais la perception et la compréhension intuitive qu’elle a de ces animaux attachants, sensibles et émouvants que sont les gorilles dépasse souvent de loin ce que peut nous offrir la pure "objectivité" de la science. Au Congo, les gorilles sont pourchassés, massacrés, découpés en morceaux, leurs os réduits en poudre et utilisés en tant que gris-gris, et leurs mains séchées vendues aux touristes comme cendriers ! Dans ces pages, Despina Chronopoulos se fait le porte-parole de cette espèce mise en danger par la cupidité humaine, au nom de Kola, de Bangha, de Kongho et de tous les autres gorilles orphelins de la forêt vierge...

Gorilles orphelins, Despina Chronopoulos, Editions Robert Laffont, 2000, 476 pages

A propos de l'auteur

Despina Chronopoulos est née en Grèce, a été élevée en Autriche, et fait des études de lettres à Paris. Devenue spécialiste de la protection des espèces menacées, elle vit aujourd’hui à Paris en attendant de retourner bientôt en Afrique.

Voir également

- Gorilles dans la brume, de Dian Fossey
- Dian Fossey au pays des gorilles, de Farley Mowat
- Gorilles : Les survivants des Birunga, de George Schaller
- Au secours des gorilles, de Fabrice Martinez
- D'autres livres sur le thème des gorilles
- Le documentaire Conversations avec Koko le gorille
- Les documentaires Un gorille dans la famille / Deux gorilles à la maison

Deux photos extraites de l'édition de poche



La préface du livre
par Despina Chronopoulos

Avant tout, ce récit se veut simple. Durant mon séjour en Afrique, je sentais à quel point les événements que je vivais étaient extraordinaires et je souhaitais les partager. Ainsi, j'ai commencé à écrire, chaque soir, ce qui se passait sur tous les plans : les déboires d'un projet pionnier dans un contexte africain, puis dans la guerre, mais surtout la plongée progressive dans l'univers mental des personnages inhabituels qui m'entouraient : les gorilles.
A mon sens, ces gorilles avaient grand besoin d'un intermédiaire simple, sans a priori, et qui ne les verrait pas à travers le prisme d'une discipline donnée. Car, contrainte par obligation et rigueur à ne communiquer que des résultats mesurables, la science s'est laissé orienter mais aussi limiter dans le domaine de l'observation animale : elle nous apporte, certes, des observations et des informations précieuses ; toutefois, la peur de l'anthropomorphisme, qui s'est amplifiée au cours de l'histoire des hommes, fait qu'une part importante de l'observation animale a été laissée de côté. Longtemps, tout scientifique qui osait évoquer l'existence de sentiments ou de conscience chez les animaux était honni d'emblée ! On ne s'aventure pas impunément hors des méthodes admises et des problèmes définissables.
Or, ce hiatus qui au départ n'est qu'un choix de méthode conduit à une équivoque pour le grand public : si on n'y touche pas, c'est que forcément il n'y a rien !
Du coup, en tant qu'humains, nous nous sommes condamnés à une triste solitude et nous risquons des malentendus fondamentaux entre nous et nos corésidents de la planète, les animaux. A quoi ressemblerait l'homme s'il était observé et décrit seulement à travers une discipline scientifique unique ?
Lorsque l'on passe dix heures par jour parmi les gorilles et que l'on doit assumer en outre un rôle éducatif destiné à encourager leur indépendance et à préparer leur retour à la nature, on obtient une vision spécifique de la vie de ces primates. Cette proximité permanente avec les gorilles m'a permis d'affûter ma perception de leurs besoins et de comprendre leurs règles sociales. Par une observation intense des expressions du visage, des postures, des vocalisations et des actions, j'ai appris à distinguer chez un gorille la suspicion, le soulagement, la confiance ou la colère, l'agressivité ou la tendresse. Au fil du temps, ces signes sont devenus pour moi aussi clairs que chez un humain.
Précisément parce qu'ils n'étaient pas sauvages, ces gorilles m'ont permis de porter un regard intime sur leur univers. J'espère que le message qu'ils m'ont transmis aidera à améliorer encore plus dans l'esprit du public l'image déjà existante de ces animaux et à susciter davantage de compréhension pour cette espèce magnifique.
J'ai décidé de décrire les gorilles comme je les ai perçus au cours des années. Pour faire mon travail, je n'ai eu à me conformer qu'aux gorilles eux-mêmes, mes observations et ma compréhension étant orientées par les résultats quotidiens obtenus avec ces animaux. Pour communiquer, j'ai dû m'adapter à leur système et à leur rythme. Le simple fait que cet échange ait fonctionné, qu'il ait évolué quotidiennement, démontre son existence.
La guerre civile au Congo a interrompu mon travail. L'introduction de ces gorilles et leur survie sont maintenant essentiellement aux mains des Congolais.
Il ne me reste plus qu'à servir de témoin, d'historienne de ma propre histoire et de la leur. et, à traxers mes expériences, à tenter de décrire mes gorilles orphelins : Kola le baptiste, Titi le macho, Mabinda le diplomate, Yambo le lunatique, Djembo la chipie, Massissa le respectable, Kabo le rêveur et tous les autres...

Despina Chronopoulos,
Paris, juillet 2000.

26 juillet 2010

Gorilles : Les survivants des Birunga, de George Schaller

Gorilles : Les survivants des Birunga
Texte de George Schaller
Photographies de Michael Nichols
Légendes de Nan Richardson

Le plus majestueux et le plus puissant de nos cousins a presque disparu, victime du genre humain qui lui refuse la place qui est la sienne dans la forêt. Peu nombreux, très localisés, les gorilles de montagne sont dramatiquement en voie d'extinction. Nous devons maintenant relever ce défi moral et prendre en main la sauvegarde de ces animaux. - George Schaller

George Schaller et Michael Nichols nous transportent au coeur des Birunga. Cette chaîne de volcans, située en Afrique centrale, surplombe de près de 3.000 mètres le Rwanda, la République démocratique du Congo et l'Ouganda, sur des kilomètres de jungle. Ici s'étend le domaine des derniers gorilles de montagne. Ces grands singes, traqués dans le passé par les braconniers, recherchés par les collectionneurs et repoussés hors de leur milieu naturel par le défrichage de la forêt, sont très vulnérables et leur existence est menacée. Si l'espèce venait à disparaître, c'est l'équilibre écologique de toute une région qui s'en trouverait bouleversé et les peuplades installées sur ces terres seraient, elles aussi, en péril. "Gorilles : Les survivants des Birunga" est un cri d'alarme. C'est aussi un saisissant témoignage en direct, au milieu de ces primates terriblement attachants.

Ce livre est né de la rencontre de deux Américains qui, à plusieurs reprises et séparément, sont allés explorer les Birunga : le chercheur George Schaller, spécialiste incontesté des gorilles auprès desquels il a passé une année entière, et le photographe Michael Nichols, considéré comme le plus intrépide des reporters de sa génération. Schaller décrit, avec la précision d'un scientifique et l'émotion d'un homme de coeur, son expérience auprès des gorilles "Beringei". Nichols a su prendre sur le vif des gros plans audacieux, saisir les scènes de la vie quotidienne et révéler les visages et les attitudes de ceux, hommes et singes, qui habitent ces hauteurs. Tous deux nous font découvrir un lieu insolite où la vie est riche, précaire, troublante et, par-dessus tout, précieuse. Si précieuse qu'il faut la préserver.

Gorilles : Les survivants des Birunga, Texte de George Schaller, Photographies de Michael Nichols, Légendes de Nan Richardson, Editions Nathan, 1989, 112 pages

A propos des auteurs

George Schaller est zoologue. Connu pour ses études sur les animaux sauvages, son ouvrage "Un an chez les gorilles" a été un best-seller et l'a rendu célèbre auprès du grand public. Schaller est aussi lauréat du National Book Award pour son ouvrage "Les lions du Serengeti".

Michael Nichols est, depuis 1982, reporter photographe à l'agence Magnum. Il a également collaboré à de grands magazines internationaux : Géo, Life, Paris-Match... Lorsque "l'Indiana Jones de la photographie" ne parcourt pas le monde, il vit en Californie avec sa femme et son fils.

Quelques extraits

Pages 32 et 33 - Photo de Ndume

Ndume, le dos argenté chef du groupe II. Alors qu'il était encore un dos noir (un jeune gorille mâle), Ndume dut assumer la charge de chef de groupe après la mort du dos argenté. Ndume et deux autres membres du groupe furent victimes des pièges des braconniers destinés notamment aux antilopes. Il n'a plus qu'une main.


Page 104 - Photo de Beetsme


Page 59 - Alan Goodall et Titus


Page 76



22 juillet 2010

Terre Sauvage - Mars 1990

Terre sauvage
Mars 1990, n°38
Propos recueillis par Elena Adam
Photos : Jörg Hess

Sept mois chez les gorilles de montagne
Une leçon de savoir-vivre

Sept mois durant, Jörg Hess a été l'invité spécial des gorilles de montagne à la station de Karisoke, au Rwanda.

Primatologue suisse, spécialiste du comportement mère et enfant, il accepte pour une fois d'aller au-delà de ses habituelles observations scientifiques. Lorsqu'il nous parle de ses hôtes, les différences s'estompent. Hommes? Gorilles?

Qu'importe, sinon la leçon de vie.

Voir aussi

- Grands singes, mère et enfant, de Jörg Hess
- Gorilles orphelins, de Despina Chronopoulos

Sommaire et extraits

Pages 38 et 39

Pages 41 et 43

20 juillet 2010

Des animaux et des femmes, d'Allain Bougrain-Dubourg

Des animaux et des femmes
d'Allain Bougrain-Dubourg
photographies
de Yann Arthus-Bertrand
et Philippe Bourseiller

Mise à jour : ajout du sommaire et des photos

Vivre une passion au risque d'en souffrir, parfois même d'en mourir, tel fut l'engagement prodigieux des douze femmes qui composent cet ouvrage. Elles ont en commun de servir la faune en péril et d'oeuvrer afin que le respect de la vie sauvage s'impose dans nos consciences.

L'enquête menée par Allain Bougrain-Dubourg, et mise en images par les célèbres photographes Yann Arthus Bertrand et Philippe Bourseiller, montre l'incroyable force engendrée par la passion. Dian Fossey sacrifiera sa vie pour la sauvegarde des gorilles, Stépahnie Powers abandonne les studios d'Hollywood pour la faune africaine, Sophie de Wilde plonge dans toutes les mers du monde pour photographier la vie sous-marine... Quant à Brigitte Bardot, elle mène son combat avec une égale détermination.

Pourquoi les femmes ? La réponse des intéressées est souvent laconique : "Les hommes pourraient faire de même." Excès de modestie ? En tous cas, le combat mené par ces femmes est exemplaire à plus d'un titre.

Des animaux et des femmes, Allain Bougrain-Dubourg, Photographies : Yann Arthus-Bertrand et Philippe Bourseiller, Editions Arthaud, 1995, 144 pages

A propos de l'auteur

Allain Bougrain-Dubourg fonde dès l'enfance un Club des Jeunes Amis des Animaux. Puis TF1 lui propose de venir parler de ces derniers dans des émissions pour les enfants. Il poursuivra sa carrière à Antenne 2 avec des émissions comme "Des animaux et des hommes", "Terre des bêtes" ou "Animalia" (France 2). Il a reçu l'Ordre National du Mérite pour son engagement en faveur de la faune et préside la "Ligue pour la Protection des Oiseaux". Allain Bougrain-Dubourg est également l'auteur de nombreux livres sur les animaux et l'environnement.

A voir sur ce blog, les autres livres de Allain Bougrain-Dubourg, de Yann Arthus-Bertrand, ou de Philippe Bourseiller.

Sommaire

P6 Préface
P9 Dian Fossey : La madone des gorilles
P25 Joy Adamson : Coeur de lion
P35 Kuki Gallmann : Pour que vive l'Afrique
P47 Cynthia Moss : Une mémoire d'éléphant
P61 Stephanie Powers : Pour l'amour des bêtes
P71 Jane Goodall : A l'école des chimpanzés
P83 Betty L. Melville : Le goût des grandeurs
P93 Patty Wilson : La faune sur la toile
P103 Polly Hessing : Pour le clan des morses
P115 Sophie de Wilde : Gros plan sur le grand bleu
P125 Claudia Feh : Dans l'intimité des chevaux sauvages
P139 Brigitte Bardot : Une cause juste (interview)

Quelques extraits en images
La photo centrale est un montage que j'ai fait à partir des présentations,
pour vous donner un aperçu du livre.


18 juillet 2010

Documentaire : Green, de Patrick Rouxel

Green
Documentaire
de Patrick Rouxel


Un film bouleversant qui dénonce la déforestation en Indonésie

Elle s'appelle Green. Elle est seule dans un monde qui ne lui appartient pas. Elle est une femelle orang-outan victime de la déforestation.

Ce film nous invite à accompagner Green au cours des derniers jours de sa vie. Dans son regard des moments d'émotion qui révèlent les trésors de la forêt indonésienne mais aussi les impacts dévastateurs de la déforestation.

Le site du film : Green

"Je suis un citoyen ordinaire qui consacre son temps à la préservation des forêts tropicales de la planète. Pour cela je réalise des films sur la beauté des forêts et de la vie, mais aussi sur les industries qui les détruisent.
Après "Larmes de Bois", "Losing Tomorrow" et "La Forêt Cathédrale", mon dernier film s’appelle "Green".
Il traite de la destruction de la forêt Indonésienne et de l’extinction des orangs-outans. Ce film a pour objectif de toucher le coeur des gens dans l’espoir de nous faire changer nos habitudes de consommation pour ne plus faire partie de cette destruction."

Patrick Rouxel

Pourquoi il faut éviter les marques qui utilisent l’huile de palme

L’Indonésie a un taux de déforestation le plus élevé au monde, avoisinant les 2 millions d’hectares par an. En 1950, la forêt occupait environ 160 millions d’hectares, aujourd’hui il en reste moins de 48 millions.

La déforestation massive en Indonésie a commencé dans les années 70 avec l’expansion de l’industrie du bois. Puis s'est développée l’industrie de la pâte à papier suivie de l’industrie de l’huile de palme. Aujourd’hui, les principales sources d’impulsion de la déforestation en Indonésie viennent de la demande internationale constamment croissante d’huile de palme. Un rapport publié en Octobre 2009 par l’UNEP indique que "deux tiers de l’expansion actuelle des cultures d’huile de palme en Indonésie est basée sur la coupe à blanc des forêts tropicales" et que "95% de l’augmentation de la production d’huile de palme en Malaisie et en Indonésie est issu de la demande croissante de biodiesel".

Cette demande provient essentiellement d’Inde, d’Europe et de Chine qui présentent le biodiesel issu de l’huile de palme comme l’énergie de demain pour combattre le réchauffement de la planète. Or les rapports montrent que transformer les forêt tropicales en cultures extensives d’huile de palme pour subvenir aux besoins du biodiesel ne fait qu'empirer la situation climatique. Le biodiesel issu de l’huile de palme n’aide pas a combattre les changements climatiques, il s’agit avant tout d’un nouveau business très lucratif.

L’huile de palme est aussi utilisée dans la fabrication d’un très grand nombre de produits de différents secteurs industriels : alimentation, détergents et savons, cosmétique, pharmacie, chimie, cuirs et textiles, etc.

Pour en savoir plus, visitez le site Green qui contient de nombreuses informations pour comprendre et agir, des graphiques, des photos, etc.

Patrick Rouxel conseille personnellement à ses amis de donner à Orangutan Outreach. Richard, qui gère Orangutan Outreach à New York, collecte des fonds pour les distribuer aux projets les plus sérieux et les plus efficaces dans la protection des orang-outans en Indonésie. Richard fera en sorte que votre argent servent réellement à la protection des orang-outans et de leur forêt. Pour soutenir Orangutan Outreach, cliquer ici.


Green - La bande-annonce

Green - Le documentaire en intégralité (48mn)
Quelques photos

16 juillet 2010

Vocation nature, de Chanee et Muriel Robin

Vocation nature
Notre combat pour la survie des singes
d'Aurélien Brulé, dit Chanee
et Muriel Robin
avec la collaboration d'Yves Paccalet


Muriel Robin accompagne Chanee dans cette réflexion sur sa 'vocation nature' afin de transmettre à chacun cette flamme qui permet d'agir.

A 13 ans, passionné par les gibbons, Aurélien passe tout son temps libre au zoo à les observer et, trois ans plus tard, publie un ouvrage qui va étonner les spécialistes des primates. Son désir d'aller en Thaïlande, pour aider à la conservation des gibbons, devient réalité grâce au soutien de Muriel Robin. Fascinée par sa détermination, elle finance son voyage et, depuis dix ans, suit son combat, participe à cette aventure, celle d'une "vocation". Et rien ne saurait mieux décrire leur rencontre que l'union de ces deux termes : "vocation" et "nature".

Le jeune homme et la femme se sont trouvés. Ils se sont vus, parlé, entendus. Ils travaillent ensemble : Aurélien devenu Chanee, au centre de Kalaweit, qu'il a fondé à Bornéo et dont il crée ou imagine diverses extensions à Sumatra, au Cambodge, au Bangladesh... Muriel, partout où elle peut l'aider à réaliser ce rêve : sauver quelques pans de la forêt tropicale - merveilleuse mais menacée par le développement intensif de la culture de palmiers à huile qui détruit sa richesse. Et ils agissent pour ceux qui y vivent, hommes, bêtes et plantes.

En pensant à tous ceux qui en auront besoin demain.
Au fils de Chanee, aux enfants des pays pauvres, à toutes les filles et à tous les fils de la Terre.

Vocation nature, Aurélien Brulé dit Chanee, Muriel Robin, avec la collaboration d'Yves Paccalet, Editions Arthaud, 2007, 192 pages

Pour en savoir plus

- L'association Kalaweit fondée par Chanee en 1997, dont l'objectif est la sauvegarde des gibbons et de leur habitat en Indonésie
- Ses vidéos (reportages, sauvetages...)
- Bornéo : Au nom de la vie, d'Aurélien Brulé
- Le nouveau-né, de Chanee
- Ces forêts qu'on assassine, d'Emmanuelle Grundmann
- Le documentaire : Green, de Patrick Rouxel
- L'humanité disparaîtra, bon debarras ! d'Yves Paccalet

A propos de l'auteur

Aurélien Brulé, dit Chanee, se passionne depuis l'enfance pour les animaux, plus que pour les études.

Alors qu'il n'a que 13 ans, il est embauché dans un zoo où il s'adonne à une observation minutieuse des primates qui n'ont de cesse de le fasciner. C'est que les singes ne sont "ni tout à fait nous-mêmes, ni tout à fait des autres", confie Chanee.

Un jour, alors que la morosité le ronge, une "gibbonne" lui prend la main et la lui serre, comme pour le réconforter. Profondément ému par ce geste de tendresse, il lui promet qu'il se battra pour la protéger, elle et les siens. Une promesse que Chanee honore en publiant "Le Gibbon à mains blanches" alors qu'il n'a que 17 ans, et qui surtout, nourrit son désir de s'envoler pour le pays des gibbons, la Thaïlande.

Puis, il rencontre Muriel Robin qui, admiratrice de sa détermination et de son engagement, décide de financer son voyage avant de suivre son combat 10 années durant. Soutenu par sa « bonne fée », Chanee se met en route pour la patrie des gibbons à mains blanches, où on le surnomme "Chanee" ("gibbon" en langue thaï). Comment appeler autrement un homme qui passe son temps à chercher des gibbons et dont le prénom, "Aurélien", est imprononçable dans la langue locale ?

En Thaïlande, puis en Indonésie, Chanee guette, observe et étudie les singes dont il s'est épris au fil du temps. Mais c'est en Indonésie qu'il souhaite donner vie à son projet Kalaweit; l'association Kalaweit voit le jour en 1997. En 1999, il crée ainsi le centre de Bornéo, avant d'ouvrir celui de Sumatra en 2003. Cette même année, l'association fait naître le premier média destiné à aider la conservation des gibbons en Indonésie : Kalaweit FM.

Toutes ces initiatives font de Kalaweit le plus grand programme actuel de réhabilitation de gibbons au monde. Mais la victoire reste encore loin. « Je rêve que l'homme apprenne un jour à aimer la vie, toute la vie. Et que Kalaweit n'ait plus de raison d'être », espère Chanee.

Ce combat de chaque jour, Aurélien Brulé le mène sur le terrain, sur l'île de Bornéo où il vit avec sa femme et son jeune fils. Ses livres, "Bornéo, Au nom de la vie" et "Vocation nature", publiés respectivement en 2004 et 2007, en retracent l'histoire. Une histoire qui n'est autre que celle d'une vocation nature exemplaire.




14 juillet 2010

Bornéo : Au nom de la vie, d'Aurélien Brulé

Bornéo : Au nom de la vie
d'Aurélien Brulé, dit Chanee

C'est le récit d'un petit bout de chemin pour la vie...
C'est une histoire racontée dans un verbe simple, parfois enfantin...
Pour être franc, je ne sais pas vraiment écrire ! Pourtant je voulais partager quelque chose, mon expérience, mon amour pour la vie, ma colère. Alors... Comment faire ?
J'ai retranscrit une conversation imaginaire. Je pouvais ainsi raconter, évitant une narration que je n'aurais pas su maîtriser. Elle a été imaginée pour retracer un parcours, celui d'un rêve ! A travers ce livre, j'ai raconté sa naissance, sa raison d'être... Le contexte est un endroit magique : une rivière dans la partie indonésienne de Bornéo. Le dialogue a lieu lors d'une ascension au coeur de la jungle : un voyage bien réel.
Depuis trois ans à Bornéo pour sauver les animaux, je voulais avec cet ouvrage, répondre à ces questions, devenues quotidiennes. Comment et pourquoi j'ai quitté la France à 18 ans, dans l'espoir de sauver des gibbons : des grands singes méconnus dont les chants hantent les fôrets d'Asie du sud-est... Tout ce que je raconte dans ce livre est vrai. Les endroits et les noms cités existent. Je n'ai rien changé dans la chronologie de l'histoire.
Mais ce livre, c'est aussi autre chose... Avec le récit d'anecdotes, j'ai voulu faire le portrait d'une Indonésie au bord de l'explosion, d'un peuple qui souffre... Relié à ce fil conducteur, cette remontée de la rivière jusqu'aux montagnes centrales de Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo), j'ai voulu faire comprendre la dureté de la vie des indonésiens, dans ces premières années de troisième millénaire.
Enfin, et vous le comprendrez, j'ai voulu exposer au grand public cette destruction massive de la vie au profit de l'argent, dans un pays tourmenté par des crises politiques, économiques et environnementales. C'est la perte d'un monde fascinant, de la forêt tropicale et de mes amis gibbons !
J'ai voulu faire comprendre pour ne plus être seul...
Laissez-vous emporter par Kalaweit...

Aurélien Brulé

Bornéo : Au nom de la vie, Aurélien Brulé, Editions Les Presses du Midi, 2004, 249 pages

A propos de l'auteur

Chanee, né en 1979, a grandi dans le Var. Passionné par les singes, dès l'âge de, 12 ans, il passe ses mercredis à observer les gibbons dans un zoo. A 16 ans, il publie un livre qui suscite l'intérêt des journalistes. Un article tombe dans les mains de la comédienne Muriel Robin qui décide de le soutenir. Il part en 1997 en Thaïlande pour 3 mois où il découvre les gibbons sauvages. Après un court retour en France, les terribles incendies qui détruisent l'Indonésie à cette époque le poussent à partir à Bornéo. Il y est installé depuis, où il a fondé sa famille. Il a créé le plus grand programme de sauvegarde des gibbons. Il emploie plus de 50 personnes, veille sur près de 250 gibbons et travaille à la protection de réserves, en partenariat avec les populations. Il a aussi créé une radio FM destinée aux jeunes : la radio Kalaweit.

Pour en savoir plus

- L'association Kalaweit fondée par Chanee en 1997, dont l'objectif est la sauvegarde des gibbons et de leur habitat en Indonésie
- Ses vidéos (reportages, sauvetages...)
- Le nouveau-né, de Chanee
- Vocation nature, de Chanee et Muriel Robin
- Ces forêts qu'on assassine, d'Emmanuelle Grundmann
- Le documentaire : Green, de Patrick Rouxel




12 juillet 2010

Courrier International - Pas bêtes !

Courrier International
Pas bêtes !

Les mœurs étonnantes des animaux


Numéro Hors-série, Juin - Juillet - Août 2009, 100 pages de textes et photos

Un abécédaire de Abeille à Zébu, en 26 lettres et quelque 80 bêtes, un voyage en famille, le tour du monde de nos cousins.

Index

ADN, Affaiblissement, Agressivité, Agrocarburants, Armes high-tech, Assassin, Aversion, Bâtisseurs, Biodiversité, Biotechnologie, Braconniers, Calamité, Camouflage, Capacité reproductive, Centre de réhabilitation, Chant, Charognard, Chasse, Chirurgie, Cirque, Clonage, Collision, Communication, Comportement, Conservation, Contraceptif animal, Coordination motrice, Culture indienne, DARPA, Descendance, Déséquilibres nutritionnels, Disparition, Drogue, Droits des animaux, Dysfonctionnement érectile, Eaux usées, Echolocation, Ecosystème, Elections, Elevage, Emblème, Encéphalite spongiforme bovine (ESB), Environnement, Escobar (Pablo), Espèce envahissante, Espions, Existence, Explosifs, Extinction, Famille, Femelle, Gaz à effet de serre, Génétique, Gilet pare-balles, Hémoglobine modifiée, Hermaphrodite, Irrésistibles, Jurassic Park, Kidnappings, Laboratoire, Liturgie, Maestro, Maladies, Massacre, Mathématiques, Mémoire, Mythes, Nutriments, Obèse, Paludisme, Physionomistes, Pilule, Police, Préservation, Protection, QI, Réchauffement climatique, Reconnaissance faciale, Reins humains, Rut, Sacrifice d'animaux, Similarités psychologiques, Sous-mariniers, Téléphones portables, Trafiquants, Tricherie, Vagabondage sexuel, Ver géant, Viande, Vol à main armée, Zoo, Zoonoses.
Cliquez pour agrandir l'image et découvrir l'éditorial

Quelques extraits

Baleines - Maldonne

Observer les baleines dans leur milieu naturel ? Une aventure unique - surtout pour les 80 touristes venus admirer le géant des mers dans les eaux norvégiennes. La baleine a été harponnée sous leurs yeux par des pêcheurs. "Il y avait du sang partout, ce n'était vraiment pas ce qu'on était venus voir", commente Leontien Dieleman, un touriste néerlandais ayant pris place à bord du chalutier d'observation Reine. La Norvège a repris la chasse au cétacé en 1993, malgré le moratoire adopté en 1986 par la Commission baleinière internationale. (Source : Aftenposten, Oslo, 2006)

Hippopotames

./. La rive congolaise se trouve entièrement dans le parc national des Virunga, une zone de 7.800km2 de volcans, couverts de forêts et de savanes dorées, célèbre pour ses gorilles, ses éléphants, ses chimpanzés et ses lions. Selon un recensement effectué en 1974, il y avait 29.178 hippopotames dans l'ensemble du parc. Les chercheurs avaient recensé 9.600 hippopotames dans le seul lac Edouard, dont les eaux se déversent dans la Semliki, une rivière qui se jette ensuite dans le Nil. Un comptage effectué en 2005, en survolant la zone en avion, n'en a trouvé que 683. En 30 ans, la population d'hippopotames a chuté de 93%. ./.

Insectes : Transformer les bestioles en bons petits soldats

./. En 2002, des chercheurs de la DARPA ont démontré qu'ils étaient capables, avec un simple ordinateur portable, de contrôler à distance les mouvements d'un rat grâce aux électrodes implantées dans son cerveau. En 2003 et en 2004, les chercheurs du programme Robolife de la DARPA se sont intéressés aux "capacités des rats, oiseaux et insectes à exécuter pour le compte du ministère de la défense des missions telles que l'exploration de grottes ou la pose clandestine de capteurs".
Ce n'est pas une idée nouvelle : durant la Seconde Guerre mondiale, le projet X-Ray prévoyait d'armer des chauves-souris. Bardées d'explosifs, celles-ci se retournèrent contre leurs maîtres et mirent le feu à un aérodrome militaire américain !
Pauvre nature ! Quel espoir lui reste t-il face à un budget de la Défense qui s'élève à plus de 400 milliards de dollars ? Que peut-elle faire quand le principal objectif des scientifiques chargés de l'étudier est de trouver le moyen d'armer ses rejetons. Sous les auspices de la DARPA, les sciences de la vie sont devenues un terrain fertile pour faire avancer la science de la mort et de la destruction. Elles doivent profiter au Pentagone dans la course qu'il a entreprise pour que le prochain Saddam Hussein puisse être, selon les termes du général de division Raymond Odierno, "piégé comme un rat".

Tigres - Les parcs nationaux, des réserves de chasse

Pour le tigre indien, Sariska est le nouveau Ground Zéro. A 200 kilomètres à peine de la capitale de l'Inde, la principale réserve naturelle du Project Tiger [fondé en 1973 par le gouvernement] est devenue le théâtre d'une extermination sans précédent de ses plus célèbres habitants. En 2004, la situation semblait particulièrement alarmante puisqu'on avait constaté pour la première fois une forte baisse de la population : sur les 24 à 28 bêtes habituellement comptées, il n'en restait plus que 16 à 18. Mais les autorités forestières ont rejeté les résultats de l'enquête, invoquant les pluies excessives qui avaient effacé les empreintes et faussé le comptage. Cette année 2005, le personnel de la réserve a renouvelé les opérations de recensement et va sans doute conclure qu'il n'y a plus de tigres dans ses 866 kilomètres carrés de jungle, car aucune empreinte n'a été relevée depuis près de six mois. C'est en septembre 2004 qu'un touriste a aperçu pour la dernière fois un tigre, mais son témoignage est sujet à caution. En mai, une équipe du Bureau fédéral d'enquête (CBI), à qui le Premier ministre, Manmohan Singh, avait demandé d'étudier la question, est arrivée à la conclusion stupéfiante qu'un braconnage à grande échelle a décimé la population de tigres en deux ans. "Ce qui est arrivé à Sariska " accuse B.K, Sharma, l'inspecteur général adjoint chargé de l'enquête, "n'est que le symptôme d'une maladie qui touche les sanctuaires du tigre à travers tout le pays." Les sonnettes d'alarme sont tirées, haut et fort. Car, s'il est possible d'éradiquer la population de tigres à Sariska avec une facilité aussi scandaleuse, comment garantir que les 28 réserves et les quelque 90 parcs nationaux qui abritent ce magnifique animal ne seront pas également dévastés par les braconniers ? Dans l'ensemble des zones protégées du pays, tout indique qu'il y a une résurgence meurtrière du braconnage. Alors que les chiffres officiels ne font état que de 26 cas de bêtes abattues chaque année, les spécialistes d'organisations de protection de la nature comme le Wildlife Trust of India (WTI) estiment leur nombre à plus de 150, ce qui correspond à la population de deux parcs nationaux. Après avoir passé les rapports au crible, les spécialistes ont montré que 750 peaux de tigre avaient été saisies en dix ans. Et, pour chaque peau saisie, beaucoup d'autres passent généralement entre les mailles du filet. Le WTI estime qu'au bas mot 1.500 tigres ont été tués depuis 1995 - un chiffre ahurissant. "En réalité, il est probablement encore plus élevé, car nous ne disposons pas de système satisfaisant de contrôle du braconnage ni de collecte des données", déplore Ashok Kumar, administrateur et chef consultant du WTI. L'organisation a soumis une requête à la Cour suprême pour que le CBI enquête sur les cas de braconnage signalés dans toutes les réserves de tigres sur le territoire indien.
Le plus difficile est d'assurer une stricte application de la loi. Car, ainsi que le souligne Belinda Wright, directrice de la Wildlife Protection Society of India, "les auteurs des crimes commis contre les espèces sauvages sont devenus bien plus professionnels qu'autrefois. Ils forment un réseau relié par téléphone portable, ils ont une bonne assistance juridique, la demande est forte et les prix élevés. En Inde, c'est devenu le commerce illicite le plus lucratif après le trafic de drogue." Aucun spécialiste de la faune sauvage n'aime communiquer des chiffres, mais on évalue le prix d'un tigre à 6 millions de roupies [environ 100.000 euros].
Ces dix dernières années, les réseaux de braconniers indiens qui écoulent leur marchandise sur les marchés du Népal, du Tibet et de la Chine continentale se sont renforcés et étendus. La plupart des réserves du Project Tiger sont mal équipées pour les combattre. Rajesh Gopal, directeur du Projet, reconnaît que la moyenne d'âge des gardes forestiers dépasse maintenant les 45 ans, et beaucoup n'ont pas l'agilité nécessaire pour poursuivre et arrêter les braconniers. La faute en incombe au gel des embauches en vigueur depuis vingt ans dans la plupart des Etats. Plus grave, un tiers des postes n'a pas de titulaire. Et la plupart des hommes n'ont pas la puissance de feu ni l'expertise nécessaires pour traquer les braconniers. "Ce qui manque en matière de protection de la faune sauvage, c'est la volonté politique", déplore V.K.Thakur, directeur du parc national de Dudhwa [à la frontière avec le Népal]. Le même scénario se répète à travers tout le pays.
Dans les hautes sphères, on semble enfin prendre conscience de la gravité de la situation. Onze députés ont créé un groupe de pression, le Tiger and Wilderness Group. Le ministère de l'Environnement a mis en place un groupe d'experts chargé d'évaluer la gestion des vingt-huit réserves abritant des tigres. Il se penche également sur le problème de la fragmentation des forêts, qui accroît la vulnérabilité des populations de fauves face aux braconniers. Le plus urgent est de mettre fin au laxisme actuel. Le Premier ministre a approuvé le principe de la création d'un Bureau national de contrôle et de prévention de la criminalité relative à la faune sauvage, dont l'équipe multidisciplinaire sera chargée de débusquer et de combattre les braconniers. Des tribunaux spéciaux seront mis en place pour accélérer les procès, et la législation sera amendée de manière à supprimer la libération provisoire sous caution pour ce type de délit. Les personnes qui vivent dans les parcs ou dans les environs doivent participer à la protection de la nature et à la lutte contre le braconnage. Si l'on n'applique pas ces mesures avec la plus grande rigueur, dans les dix années à venir le tigre indien subira le même sort que le guépard : l'espèce aura disparu à l'état naturel.
Raj Chengappa, India Today (extraits), New Delhi, 2005

Vaches - Au bord de la crise de nerfs

Il y a quelques années, John Watts passait à côté d'un enclos de vaches lorsqu'il remarqua un étrange phénomène : les bêtes semblaient se rapprocher d'un hangar métallique chaque fois qu'elles voulaient appeler leur veau, même si ce veau se trouvait à l'opposé du hangar. Elles le faisaient régulièrement et délibérément, comme si elles avaient deviné que le mur de métal amplifierait leur voix. Ce chercheur de l'université de la Saskatchewan ne serait pas tellement surpris s'il apparaissait que les vaches disposent de telles facultés de raisonnement, même s'il reconnaît qu'il est difficile, sinon impossible, de le prouver. Comme nombre d'autres scientifiques qui étudient les animaux de ferme, il considère que ces derniers sont plus intéressants sur les plans cognitif et social que ce que veulent nous faire croire les préjugés. Pour John Watts, les bovins sont bien plus complexes qu'on ne le croit : ils constituent des hiérarchies sociales ; ils ont un comportement intelligent et sont capables de tromper leur monde - les jeunes taureaux, par exemple, feignent de ne pas s'intéresser aux femelles en chaleur tant que les mâles dominants restent dans les parages ; ils peuvent présenter des troubles du comportement en cas de stress excessif. "Le but n'est pas de déterminer si les bovins sont intelligents ou idiots, mais de comprendre leur mode de fonctionnement à l'intérieur de leur univers", explique Watts, car le monde mental et social de ces animaux a été peu exploré par les chercheurs. L'équipe dirigée par Dan Weary, chercheur à l'université de Colombie-Britannique, tente de voir les choses du point de vue de l'animal et étudie des phénomènes auxquels la plupart des buveurs de lait et mangeurs de viande préfèrent ne pas penser : le traumautisme et la détresse des jeunes génisses qui sont menées dans des salles de traite un jour après avoir vêlé ou les appels plaintifs des veaux affamés et esseulés dans leurs stalles. Les chercheurs espèrent que ces travaux aboutiront à des alternatives viables pour améliorer le sort du bétail. Les vaches laitières, par exemple, obligées de rester debout sur des sols de béton couverts de fumier, dépérissent. Dan Weary et son équipe tentent de concevoir des stalles plus confortables et de déterminer les préférences des animaux en matière de litière et de sol. Moins de stress et davantage de confort pourrait les rendre plus sains et plus productifs.
John Watts envisage aussi des applications pratiques à Saskatoon. Il évoque un comportement étrange connu sous le nom de "buller steer syndrome" [syndrome du bouvillon agressif], qui se manifeste souvent dans les enclos de plus de 250 animaux. Les mâles dominants se mettent à harceler sans relâche les plus faibles, les pourchassent et les montent souvent jusqu'à épuisement. Ce syndrome, explique le chercheur, est en fait un symptôme de "stress social chronique". Selon lui, quand plus de 200 têtes sont entassées dans un enclos, le troupeau est incapable de constituer une hiérarchie sociale. La question de la domination n'est jamais réglée et les bouvillons faibles sont sans cesse inquiétés par ceux qui cherchent à établir leur supériorité. Dans les groupes de 150 têtes, en revanche, les animaux constituent rapidement une hiérarchie sociale avec un leader clairement identifié. Pour vérifier son hypothèse, John Watts planche sur des expériences destinées à montrer comment les bêtes interagissent. Il projette ainsi de les entraîner à appuyer sur des boutons ou à pousser des leviers lorsqu'elles voient un individu qu'elles reconnaissent. Elles recevront une récompense - de la nourriture - chaque fois qu'elles actionneront le bon bouton. Le chercheur envisage aussi de leur montrer des vidéos afin de déterminer si leurs yeux suffisent à reconnaître leurs camarades d'enclos ou si elles ont également besoin de leur odorat et de leur ouïe. "Ça peut paraître dingue d'entraîner des bovins à appuyer sur des boutons et à regarder des films, mais c'est tout à fait scientifique." Il espère que ses travaux permettront de se faire une idée plus claire des "règles sociales" qui régissent le monde animal. "Pratiquement tout est anormal dans la façon dont on traite les bovins. On les a amenés au cours des générations à rester en bonne santé malgré tout ce qu'on leur fait subir et à produire beaucoup de lait et de viande maigre." Mais leur comportement n'a pas tellement changé. "D'un point de vue psychologique, ce sont des animaux sauvages entassés dans des prisons artificielles. Les gens se soucient de la façon dont on traite les animaux dans les zoos, mais ils devraient aussi se préoccuper de celle dont on traite les animaux d'élevage, parce que ce sont les mêmes."
Margaret Munro, National Post, Toronto, 2002

Extraits en images

Sacrifices d'animaux, intelligence des oiseaux, grenouille de Kihansi (p.28-29)

Mémoire des geais, massacre de gorilles (p.39-40)
WildlifeDirect - Saving Endangered Animals