26 décembre 2009

Mauvaises nouvelles de la chair, de Marie Rouanet

Mauvaises nouvelles de la chair
de Marie Rouanet


Marie Rouanet raconte ici le fonctionnement des élevages en batterie, la reproduction intensive des moutons, vaches, porcs et poulets. Les inséminations artificielles et les gavages en tous genres n'ont plus de secrets. Elle n'épargne rien au lecteur, pas même la mort en série et les horreurs de l'abattoir. Marie Rouanet déplore l'élevage industriel dont elle montre et démontre avec crudité toutes les cruautés. Elle s'insurge contre la chair que nous consommons. Voilà un livre polémique et virulent pour dénoncer la malbouffe... A lire avant les repas.

Mauvaises nouvelles de la chair, Marie Rouanet, Editions Albin Michel, 2008, 196 pages

Pour en savoir plus

- Un article du site L214
- L'avis de "Végane aujourd"hui"

Au sommaire

- Eros, la semence des mâles
- Eros, la fleur de la femelle
- Clotho et Lachésis, les soeurs du destin
- Atropos, la noire
- Le festin de Thyeste
- Improbables refuges des dieux

L'analyse du livre
par la LFDA, La Fondation Droit Animal

Près de trente ans après Le Grand Massacre (1), voici qu’une auteure et poétesse célèbre, Marie Rouanet, se penche à son tour sur les abominations de l’élevage industriel.

À la différence de deux des auteurs du Grand Massacre, ce n’est donc pas une scientifique, et son étonnement, puis son écoeurement à ce qu’elle découvre, pourraient sans difficulté être ceux de tout un chacun si les élevages industriels s’ouvraient, en toute transparence, sur la société. À la lecture des horreurs, parfois insoutenables, dénoncées dans ce livre, on verra que les choses n’ont guère changé depuis trente ans. Les militants de la cause animale y trouveront, bien sûr, des vieilles « connaissances ». Le gavage par exemple, une « épreuve sans nom » (p103) : « L’oesophage est dilaté jusqu’à doubler de section. Les tissus peuvent craquer et provoquer des pertes ou des blessures… » (p104). Seuls quelques « spécialistes du gavage » liront ces quelques pages sans broncher et oseront affirmer que les animaux ne souffrent pas ! Et dommage que les consommateurs de foie gras, sans arrêt sollicités par la publicité, n’aient pas accès à des images filmées de telles scènes qui soulignent, selon l’auteure « la ressemblance du gavage avec un viol » (p108). Venons-en aux batteries de poulets. Beaucoup y meurent chaque jour. « Ramasseur de cadavres de poulets est un autre nouveau métier de l’agriculture » (p89). « Ceux qui restent vivants souffrent : d’escarres aux pattes, de cécité parfois à cause des vapeurs d’ammoniac… » (p89). L’élevage industriel des porcs non plus n’a guère changé. On y rencontre cette truie née par insémination artificielle : « De toute sa vie, elle ne rencontrera ni l’air, ni la lumière, ni la boue, ni l’herbe » (p58), ses porcelets dès leur naissance édentés, puis équeutés : « Ils ne sont pas malheureux, dit la fermière aux doux yeux, ils n’ont jamais connu autre chose. » (p71). Je ne ferai que mentionner ici les lâchers de faisans apprivoisés pour les fusils des chasseurs (p115), « le ball-trap au canard vivant » (p120), les volailles ébecquées, le « déguisement » de la consommation carnée : « l’offre de la viande apaisée dans sa barquette, brillante sous le film alimentaire » (p144)… On le voit : si le livre n’apprendra pas grand-chose aux militants de la protection animale, qui connaissent déjà toutes ces horreurs, il serait vivement souhaitable, du fait aussi de la belle qualité de son écriture, qu’il soit mis à la disposition de tout un chacun, voire qu’il devienne un ouvrage de référence dans les lycées, si tant est que c’est bien par l’éducation des jeunes qu’une vraie (r)évolution pourra se produire dans ce domaine.

Près de tente ans après Le Grand Massacre, on l’aura compris, la chair animale destinée à la bouffe est toujours, hélas, un « produit » neutre, un « produit », comme le cuivre ou le bois, bien séparé de la douleur et de la souffrance de ceux qui la « produisent ». Plus exactement, la douleur et la souffrance animales sont oubliées et même niées. C’est justement ce que combat vigoureusement notre Ligue. Il faut donc saluer, comme elle le mérite, l’entreprise courageuse de Marie Rouanet, et espérer que son livre connaîtra le plus grand succès possible.

(1) Édité chez Fayard en 1981, cet ouvrage documenté, écrit par deux scientifiques, membres de la LFDA, les Prs Alfred Kastler et Jean-Claude Nouët, et un écrivain Michel Damien, dévoilait pour la première fois en France l’horrible face cachée de la production industrielle intensive des animaux de consommation.

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